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Dire non au Roi...

Quelle idée saugrenue, et pourtant c’est la réponse qui fut donnée à Louis XI en 1466 par le Consulat de la ville de Lyon. Ayant le monopole du commerce de la soie depuis 1450, le Consulat est en effet très inquiet  de l’ordonnance de Louis XI du 23 novembre 1466. Le commerce très productif établi avec les soyeux italiens pourrait, à l’avis des Lyonnais, souffrir de l’installation d’une manufacture de soie concurrente dans leur ville.

Ordonnance de Lyon, 23 novembre 1466

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Château de Plessis lès Tours

Ce n’est ni du goût, ni de l’avis de Louis XI, installé au Plessis les Tours et convaincu de l’intérêt commercial qui découlerait de la présence de soyeux en France. Essayez d’imaginer ce roi qui a connu la cour de Charles VII et d’Agnès Sorel, les produits apportés par Jacques Cœur, le Grand Argentier du Roi… tout droit venus de l’étranger. C’est la fuite des capitaux ! et Louis XI veut y remédier : tisser la soie en France, tisser « made in France », c’est enrichir son économie, rivaliser avec la concurrence, développer les savoir-faire et sa clientèle. Cela vous parle ?

Rien n’a changé aujourd’hui et l’ordonnance de Louis XI à Amboise, pour « faire conduire et admener en nostre-dicte ville de Tours les ouvriers dudit mestier, avec molins, mestiers, chaudières et autres choses nécessaires à icellui mestier » le prouve.

Lettre d'Amboise, 12 mars 1470

source Bibliothèque Forney

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De par le Roy

Chers et bien amez, Nous avons sceu par ce que nous a dit nostre cher et bien amé Macé Picot, nostre trésorier de Nysmes, le vouloir et affection que vous avez à nous faire service et plaisir. Et pour ce que désirons fort que le mestier des draps de soye soit fait et continué en nostre ville de Tours, envoyons présentement par delà nostredit trésorier, pour faire conduire et admener en nostredite ville de Tours les ouvriers dudit mestier, avec les molins, mestiers, chaudières et autres choses nécessaires à icellui mestier, lesquelz sont de présent en nostredite ville de Lyon. Et lui avons chargé de faire deffrayer lesditz ouvriers de tout ce qu’ilsz doivent par delà à quelque personne que ce soit, aussi paier la despense que cousteront lesdiz molins, chaudières, mestiers et les autres ustensiles à admener par deçà. Si vous prions que faictes en façon que les habitants de vostredicte ville fournissent ce qu’il sera nécessaire pour deffroy desditz ouvriers et damenage des choses dessusdictes, et aussi pour les acquicter de ce qu’ils doyvent en ladicte ville ; de laquelle chose croyons qu’ilz ne nous voudront point refuser, veu l’affection que nous avons toujours monstrée au bien de nostredicte ville de Lyon et des habitants d’icelle, et mesmement pour les causes que vous dira nostredit trésorier, lequel avons chargé vous dire sur ce certaines choses de par nous. Si le vueillez croire, et faire touchant ladicte matière en manière que congnoissions que désirez nous servir et complaire. Donné à Amboye, le XIIe jour de mars. LOYS

 

(Transcription de la lettre de Louis XI, Archives municipales de Tours, Ms 1256, pièce 90, publié par M. G. Collon, Conservateur de la Bibliothèque de Tours, dans le catalogue de l’exposition « Rétrospective de l’industrie de la soie en Touraine », Grande semaine 1933)

Rappels chronologiques

–          1450 : Lyon a le monopole du commerce de la soie

–          23 novembre 1466 : Louis XI décide de l’installation d’une manufacture de soie à Lyon. Le Consulat refuse.

–          12 mars 1470 : Louis XI ordonne le transfert et l’installation des seize soyeux génois arrivés à Lyon, à Tours, dans l’Hôtel de la Clarté-Dieu, rue Maufumier (actuellement rue Constantine) sous la direction de Macé Picot, trésorier de Nîmes commis par le roi. (texte visible dans la maquette de TCS)

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